Friends, family and fools
Ce sont ceux qui vous donnent de l'argent dès la première heure, alors que votre projet est flou et plein de trous ! En l'espèce, ce sont des amis de plus de dix ans avec qui j'étais étudiant. Le principal pour moi était de faire passer le message que ce n'était pas "un truc entre potes" mais un véritable projet d'entreprise et que notre relation, chaque fois qu'elle porterait sur la société, serait de type professionnel, l'amical ne venant qu'en sus. Aussi, avant de leur communiquer mon business plan, leur ai-je fait signer un accord de confidentialité*. J'avais bien sûr toute confiance en eux, mais c'était dans la logique de l'approche professionnelle que je souhaitais. Je leur ai également dit : • qu'ils investissent ou pas, cela ne changerait rien à notre relation. • qu'ils n'investissent qu'une somme qui, si perdue, ne nuirait pas à notre relation. De mon côté, dès le début, je leur ai envoyé chaque mois une newsletter couvrant les différents aspects de l'entreprise : activité, R&D, équipe, trésorerie… Chaque début d'année, je les réunissais pour dresser un bilan de l'exercice passé et annoncer les ambitions pour celui à venir.Entrepreneurs investisseurs
Six mois après le lancement de Madmagz, j'ai fait entrer au capital deux business angels. Ils étaient dans mon réseau. Tous deux sont des pros du Web : l'un a été entrepreneur, puis CTO de Come & Stay (de leur début à leur IPO) et l'autre est un des co-fondateurs de Directinet (vendu avec succès). Clairement, un entrepreneur ne peut mieux souhaiter comme type d'investisseur. Ils savent ce que c'est, ils s'y connaissent, ne vous font pas perdre votre temps, posent les bonnes questions (celles qui font mal) et, chaque fois qu'ils interviennent (contacts, avis, etc.), ils ont un impact.Business angel
Huit mois après cette première augmentation de capital (60k€), j'ai procédé à une deuxième levée de fonds. Des 240k€ levés, 40k€ étaient apportés par unbusiness angel et 200k€ par un fonds d'investissement. Le business angel, que je connaissais aussi, est un cadre de haut vol : c'est l'ancien directeur des fusions-acquisitions de Valeo. Il est habitué a faire pression pour des résultats toujours meilleurs. Cela dit, Internet n'est pas son domaine et il n'a jamais travaillé que dans des grands groupes. Aussi, les débuts ont été un peu délicats. Il a fallu expliquer qu'une start-up ne se lit pas comme une entreprise mûre (cf. Steve Blank), qu'un business plan, que j'avais présenté avant la levée, c'est quand même un exercice assez théorique, que la vérité est ailleurs (équipe, R&D, business model, trésorerie, traction…). Il a fallu aussi faire passer avec tact le message que je ne pouvais pas faire du one to one trop fréquent avec chacun des associés.Capitaux risqueurs
Le premier meeting avec eux était ce mois-ci donc. Cela dit, comme tout le monde, eux aussi recevaient ma newsletter. Bon climat, mais c'était frappant de voir que la préoccupation était surtout financière : trésorerie et chiffre d'affaires ! Il faut je crois particulièrement soigner ce point de reporting, ce que je faisais moins jusqu'alors.Lessons learned
Selon mon expérience, il y a deux mots-clés importants dans le management d'un board : alignement et levier. L'alignement concerne trois points : • que tous partagent la vision et le projet porté par l'entrepreneur. • que leurs intérêts servent ceux de l'entreprise (un investisseur qui vise une sortie rapide et lucrative n'est pas le profil idéal pour une startup ambitieuse; un associé qui veut placer sa nièce non plus ; etc.) • que tous soient également informés. Mais ce n'est pas assez. Des associés, ce sont des professionnels expérimentés et de haut niveau : c'est une ressource que l'entrepreneur doit apprendre à exploiter, c'est un levier pour son entreprise. Ici, je suis moins convaincant je pense, et je dois travailler à ce que chacun donne davantage. Par exemple, un récent article du célèbre capital-risqueur Fred Wilson m'a appris qu'une des entreprises dans lesquelles son fonds a investi envoyait avant chaque board meeting un simple questionnaire où elle demandait aux associés les trois choses qu'à leur avis elle fait bien et les trois choses qu'elle pourrait (mieux) faire. Simple et efficace ! Du coup, les problèmes sont immédiatement soulevés et le chef d'entreprise peut mettre à contribution chacun pour l'aider à les résoudre. Merci Youssef pour cette transparence et bonnes relations gagnant-gagnant avec vos actionnaires.Les conclusions de Patrick
- Faut-il faire signer un accord de confidentialité* avant d'entamer des négos avec des actionnaires potentiels ? Pour ma part, je partage l'avis de Bill Payne quand il écrit "Le business plan et l' Executive Summary ne doivent pas être des documents confidentiels."
- Le billet de Youssef met bien en évidence les différences de profils et de motivation des actionnaires au fur et à mesure des levées de fonds. Donc, amis startuppers, rodez-vous avec les gentils "family, friends and fools" avant d'affronter les capitaux-risqueurs affutés.
- Dans votre board, prenez des actionnaires aux profils différents. Entre nous, je peux vous dire que ma femme Annie, qui soi-disant n'y connait rien au business, m'apporte énormément.
- Que vos résultats soient bons ou pas, le reporting est essentiel, au minimum chaque trimestre.
- Challengez vos actionnaires...avant qu'ils ne vous challengent ! Ainsi posez leur régulièrement vos questions...d'autant qu'ils adorent donner des conseils...et que c'est gratos.
Merci Patrick pour la recommandation de mes-actionnaires.com
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Guillaume
Merci pour ce partage d'expérience, enrichissant. Nous préparons nous-même le démarchage et l'entrée d'investisseurs (Business Angels et/ou capitaux risqueurs), et ce retour ne peux que nous aider.
Au plaisir de lire les prochains billets de Youssef dans My startup story™ !
Super billet de Youssef avec l'appui de Patrick! C'est complet, c'est humain, c'est vrai : j'adore et j'en redemande! Merci à vous