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Pour ou contre les horaires de travail dans une startup ?

Article de Stéphane Castellani Dans l’esprit collectif, travailler dans une startup pourrait se résumer à « beaucoup de travail avec beaucoup de libertés ». Les média ont diffusé ces dernières années de nombreux reportages sur le « startup spirit » avec des journées de 20 heures dans une ambiance décontractée et conviviale. Baskets, t-shirt, coca, pizza, baby foot, chaine hifi, sofa sont autant de termes pour qualifier la vie quotidienne dans une jeune pousse. Il est vrai qu’étant donné le fort niveau d’implication qui y règne et le sous-effectif permanent de personnel face aux quantités toujours plus nombreuses de tâches à réaliser, autant que tout se fasse dans les meilleures conditions possibles. De plus, les profils sont souvent jeunes avec des habitudes universitaires encore bien ancrées : -          Les geeks de l’équipe de développement ont souvent tendance à commencer tard le matin (la nuit étant occupée par les jeux vidéos ou d’autres activités informatiques). -          Les graphistes ont eux aussi l’inspiration qui fait plutôt défaut le matin et privilégient le soir. -          Les commerciaux préfèrent en général fixer des rendez-vous le lundi matin, le mercredi après-midi et le vendredi après-midi. -          Le marketing lance toutes ses idées le matin et s’auto-félicite l’après-midi. -          Le startupper en chef a tout cela à gérer et préfère arriver tôt le matin pour bien entamer sa journée avant le déferlement des problèmes du quotidien. Pourquoi donc parler d’horaires alors que chacun a son propre rythme et ses habitudes liées à son métier ? J’y vois 2 raisons majeures :
  1. Une entreprise est une organisation vivante qui nécessite des échanges réels entre les personnes. Il est donc à mon sens impératif de définir une plage horaire assez large dans la journée où tout le monde est présent, afin de faciliter les échanges et ne pas se retrouver dans des cas de blocage organisationnel.
  2. Nous sommes dans une pays latin et ce qui s’applique aux Etats-Unis n’est pas vraiment possible en France. On aime bien se laisser vivre et même si nous exprimons haut et fort le rejet des règles, notre inconscient nous les réclame afin de comprendre où se trouvent les limites.
Personnellement, je suis un chef d’entreprise qui fait d’emblée confiance à mes employés. Je leur explique dès le début que je leur accorde ma totale confiance mais qu’ils doivent en retour tout mettre en œuvre pour la conserver car, une fois trompée, cela devient ardu pour eux de la récupérer. Ainsi, tout le monde est responsabilisé dès le début et la liberté accordée à chacun dans son travail dépend de son implication et de son auto discipline. Pour résumer, je dirais que :
  1. Ne pas définir d'horaires de travail précis devient compliqué à gérer le jour où votre personnel devient plus nombreux.
  2. La flexibilité reste toutefois essentielle afin de respecter les contraintes de chacun et de conserver un esprit souple. Elle est à gérer au cas par cas « au mérite ».
Enfin, n’oubliez pas l’essentiel : l’exemple doit toujours venir du haut, ne vous attendez pas à ce qu’il vienne de la base. En tant que patron, c’est à vous de montrer l’exemple.   Allez, 3 conseils de Patrick, 27 ans de startup au compteur, pour conclure :
  1. La législation sociale s'applique dans une startup comme dans les autres sociétés à partir du moment où vous avez des salariés. Donc respectez la dès le début.
  2. La productivité d'un collaborateur n'est pas (uniquement) liée à son nombre d'heures. Combien je vois de startups où ça court dans tous les sens sans grande efficacité. Pour y remédier, mettez en place une organisation avec des process et du reporting, comme je l'ai fait chez Juste à temps. Et profitez des outils informatiques souvent gratuits (CRM, agendas partagés...). 
  3. Avec votre équipe, ne confondez pas "travail" et "amitié". Une boite a besoin d'un patron et un chef d'entreprise n'est pas un politique : il n'est pas la pour être populaire n'étant pas élu.

3 Réponses à Pour ou contre les horaires de travail dans une startup ?

  1. Julien C 21 juillet 2011 at 9:27 #

    Merci pour cet article, cette vision est intéressante. L'essentiel comme partout est de trouver un juste milieu entre cette flexibilité et la cadre qui en fixe les limites.

    Je suis parfaitement d'accord pour la dernière phrase : la hiérarchie n'est pas propice à l'amitié et ne doit pas l'être.

  2. Bastien Donjon 21 juillet 2011 at 16:40 #

    Souvent, dans les startup on confond trip de quelques semaines autour d'un projet commun et une véritable envie de créer une entreprise sérieuse ...

    Comme tu le dis, une grande partie des startup sont créées par des personnes ayant encore un pied dans le monde universitaire ("coca, chips, ordi, jeux, projets et potes"). Combien de startup j'ai vu se monter, du jour au lentement, qui n'avait comme seul plaisir inavoué que de créer un truc dans son garage et de dire "j'ai une startup".

    Je pense donc qu'il est important de créer dès le début, une startup structurée comme une entreprise classique. Horaire, calendrier, hiérarchie, objectifs respectés. La rigueur et le sérieux, mais dans la bonne humeur, filtrera toujours les personnes véritablement impliquées.

  3. R.l 4 août 2011 at 20:56 #

    Beaucoup de choses changent dès lors qu'un lien d'amitié se créé entre salarié et patron, et pas souvent dans le bon sens vu qu'il n'y à plus autant la peur du salarié de mal faire son travail et de se faire taper sur les doigts. Enfin c'est mon point de vue...

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