J’écris... Et je lis, aussi !

Cela faisait bien longtemps qu’un livre ne m’avait pas procuré un tel plaisir. Vous savez, ce bonheur subtil qui naît au fil des pages, porté par des jeux de mots délicieux, des tournures savoureuses et une ponctuation originale.
Cette sensation à la fois douce et enivrante qui donne envie d’avancer encore et encore, peu importe ton emploi du temps. Un mélange de quiétude et d’impatience.

Ce livre, c’est « Et je danse, aussi » d’Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat.
Voici sa quatrième de couverture qui, selon moi, le résume bien.

Personnellement, je retiens surtout son originalité, et même sa triple originalité. Je vous la détaille ci-dessous :

Première originalité, il est écrit à 4 mains… ou plutôt 2 claviers ! Celles (ou ceux !) d’Anne-Laure Bondoux alias Adeline Parmelan dans le livre et de Jean-Claude Mourlevat alias Pierre-Marie Sotto.
L’histoire veut qu’Anne-Laure B ait proposé une correspondance à Jean-Claude M, alors en panne d’écriture ; il s’en est suivi un jeu de ping-pong entre les deux écrivains, chacun s’amusant à surprendre l’autre et attendant sa réaction. 
Quelle subtilité mêlée de sensualité dans ces rapports femme-homme ; à distance. Tout ce que j’aime.

Deuxième, les échanges entre Pierre-Marie/Jean-Claude et Anne-Laure/Adeline se font par mail. C’est vivant, spontané, jamais très long et toujours très frais. En plus, pour rompre la monotonie, quelques personnages complémentaires (amis, famille, travail) sont habilement ajoutés au fur et à mesure. Ils viennent bousculer nos 2 protagonistes.

Troisième originalité : Pierre-Marie et Adeline (ou Jean-Claude et Anne-Laure, je m’y perds, vous me suivez ? !) distillent dans leur correspondance, chacun à sa manière, le vrai et le faux, le fantasme et la réalité, la vérité et le mensonge. Ce qui ajoute du piment à leur histoire.

Par exemple, le 7 avril 2013, Pierre-Marie écrit à Adeline : 
« … Ceci dit, la littérature n’est que mensonge, enfin invention, ce qui est la même chose, l’invention étant un mensonge avoué par avance, non ?... ».
Et le 17 avril, Adeline signe son mail à Pierre-Marie « Votre menteuse épouvantée. »
Le 11 mai, Pierre-Marie répond à un mail d’Adeline du même jour : 
« … Vos mensonges, sur votre âge, sur votre passé, n’en sont pas, pour moi. Ils sont des habits que vous avez endossés un instant pour les besoins de notre histoire… ».
« … Mais qu’importe, j’aime qu’on me raconte des histoires, et si elles sont bonnes, alors elles deviennent plus vraies que les vraies, elles résistent mieux à l’oubli, en tout cas… ».
Le 22 octobre, Pierre-Marie débute son mail à Adeline par « Chère menteuse… ». Tout est dit !
Le 23, il insiste en écrivant à Adeline : « … Gilles Moustier dans votre lit ? Je n’y crois pas une seconde. Comment pourrait-il y aller, d’ailleurs, dans votre lit, puisqu’il n’existe sans doute pas, cet homme... ».

Dans « Et je danse, aussi », il est beaucoup question du métier d’écrivain et des difficultés qui l’accompagnent : panne d’inspiration, insatisfaction, doutes à répétition…
Moi qui adore écrire (retrouvez ma prose ici) et me considère comme un apprenti écrivain, je m’y retrouve bien.

Au fait, quel est le genre* de ce livre ? Fiction, roman (d’amour), correspondance, comédie, feel good… ? Et pourquoi pas policier, tant qu’on y est ?
Un peu de tout, ami lecteur ! Je le qualifierais volontiers d’OVNI littéraire ; et c’est bien ce qui fait son charme.
*On s’en fout un peu, non, du genre d’un bouquin ? L’essentiel, c’est que ça plaise ! Ras le bol de toujours vouloir tout mettre dans des cases.

Et le style, Patrick ?
Perso, j’ai retrouvé une écriture que j’aime : vivante, abordable et subtile… avec beaucoup d’humour.
Vivante : merci les mails.
Abordable grâce aux phrases courtes et directes.
Subtile aussi ; je me suis souvent laissé enchanter par Adeline et Pierre-Marie, notamment lorsqu’ils jouent avec les mots… et leurs maux.

Voici 2 extraits pour illustrer mon enthousiasme :

• « Je méprise les points de suspension, mais j'abuse des parenthèses, chacun son vice, mais reconnaissez avec moi que les parenthèses nous offrent quelque chose en plus tandis que les points de suspension nous en privent. »
  Personnellement, moi Patrick, j’ai un faible pour le point-virgule ; mais c’est une autre histoire !
• « J’ai remplacé le footing par le fooding, et j’ai repris kilo après kilo. » 

Avant de vous quitter, il faut que je vous dise où j’ai trouvé « Et je danse, aussi » (Ça me fait penser que je pourrais écrire un article « Comment je choisis mes livres ?) ».
Tout simplement en posant la question suivante à mon nouvel ami ChatGPT :

Il commence à bien me connaitre et il m’a répondu entre autres :

Bonne(s) lecture(s) les amis !

PS : ce n’est pas parce que j’ai adoré « Et je danse aussi » que vous allez l’aimer aussi ; chacun trouve son plaisir où il le souhaite !