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Le même autre

Après la publication de mon livre Voyage en aplasie, j'avais depuis un moment l'envie de me lancer dans l'écriture de fiction. C'est désormais chose faite avec ma première nouvelle, « Le même autre »

 

Le même autre

Merci ChatGPT pour cette création

Lundi 28 février 2005
Léon et Noël travaillent, sans le savoir, dans la même entreprise. Ce 28 février 2005, ils assistent tous les deux au siège social à une journée de formation sur le thème de la gestion des émotions. Après le café d’accueil, l’animatrice demande aux six participants de se présenter en indiquant leur ancienneté dans l’entreprise, leur âge, ainsi que les principaux traits de leur caractère.
Léon, pas timide pour un sou, prend la parole au débotté :
« Bonjour à tous, je m’appelle Léon, j’ai débuté dans la société en 1996 et j’ai 39 ans. Les principaux traits de mon caractère ? Peu doué pour m’auto-analyser, je préfère citer mes proches qui me trouvent plutôt facile à vivre.» 
Quant à Noël, il intervient en dernier et profite du temps de parole de ses collègues pour peaufiner sa présentation que voici :
« Pour ma part, je m’appelle Noël et je suis ravi d’être avec vous aujourd’hui. Cela fait maintenant 9 ans que j’ai été embauché à l’âge de 30 ans. Merci de nous permettre de nous exprimer sur notre personnalité, c’est si rare dans le monde du travail de penser à l’épanouissement des collaborateurs. Personnellement, y ayant beaucoup réfléchi, je me perçois plutôt introverti avec une tendance marquée à l’hypersensibilité. Je serai très heureux de vous en dire plus au travers d’exemples tirés de ma vie et de mon expérience. »
Arrive l’heure du déjeuner et voilà nos participants partis au restaurant voisin. Afin de gagner du temps, on leur sert en direct le plat principal, une andouillette à la moutarde de Meaux. Curieux choix, me direz-vous. Certes, mais là n’est pas la question ! A ce stade, il est intéressant de distinguer la différence de réaction entre Léon et Noël. Le premier semblant manger machinalement et rapidement, juste pour s’alimenter. Contrairement à Noël pour qui c’est une vraie aventure qui commence : sensorielle à l’arrivée du plat avec l’analyse de l’odeur prégnante de l’andouillette ; gustative ensuite quand il prend le temps de la savourer. Heureusement, il en est friand !
Dessert. Café. Retour à l’entreprise.

Pour la session de l’après-midi, l’animatrice forme trois sous-groupes de deux personnes. Léon et Noël se retrouvent ensemble et ils ont 15 minutes pour remplir le test de personnalité suivant :
1. A quand remonte votre dernière émotion ? Décrivez-la.
2. Vous considérez-vous comme introverti ou extraverti ?
3. Quand on vous demande si vous êtes hypersensible* ou hyposensible*, vous répondez ?

*L'hypersensibilité se caractérise par une sensibilité exacerbée aux stimuli. Elle peut toucher différents domaines comme les émotions, les sens ou le stress.
*L'hyposensibilité, à l'inverse, désigne une faible réactivité aux stimuli.

Autant Noël est à l’aise dans cet exercice, autant Léon éprouve des difficultés. A la première question Noël cite spontanément l’épisode de l’andouillette au déjeuner en relatant toutes ses émotions, positives et négatives. Léon a besoin de son binôme pour répondre ; ça tombe bien, Noël adore aider les autres. Ce qu’il fait en expliquant à Léon ce qu’est une émotion. Léon apprécie, même s’il trouve les explications de Noël assez pompeuses.
Pour les questions suivantes, Noël répond sans hésiter « Introverti » à la 2e et « hypersensible » à la 3e. Léon galère et, comme pour sa présentation ce matin, se base sur ce que ses proches disent de lui en notant « extraverti » et « hyposensible ».
La journée de formation se termine par une synthèse de l’animatrice et tout le monde se dit au revoir. En prenant leurs billets à la gare voisine, Noël et Léon s’aperçoivent qu’ils habitent dans la même ville ! Ils font donc le trajet retour ensemble. Malheureusement le train est bondé, ce qui perturbe Noël, très sensible au bruit. Alors que Léon semble ne se rendre compte de rien.
En se quittant à leur arrivée, Léon propose à Noël de se revoir, un prochain weekend par exemple. Noël n’est pas contre mais il lui répond : « Laissons faire le hasard… ».

Dans la soirée, Noël se repasse le film de sa journée et se dit intérieurement « bizarre quand même cette rencontre fortuite avec un collègue de travail, du même âge et avec la même ancienneté, habitant ma ville. Mais avec a priori une personnalité bien différente de la mienne. »
Quant à Léon, il ne demande pas son reste et s’endort comme d’habitude en quelques secondes.

Jeudi 3 mars 2005
A l’heure du déjeuner, Léon et Noël se retrouvent par hasard au restaurant d’entreprise. Noël en profite pour dire : « Tu vois Léon, le hasard fait bien les choses. Nous étions programmés pour nous revoir. » Après une conversation à bâtons rompus, notamment sur leur travail étonnamment très similaire, ils conviennent de passer un moment ensemble le weekend prochain.
« Et si on allait à la piscine ? », suggère Léon, adepte d’émotions fortes comme celles ressenties en plongeant de 5 mètres. C’est d’accord pour Noël, mais pour y pratiquer la natation ; les montées d’adrénaline ne sont pas sa tasse de thé.

Cette nuit-là, étrangement, Léon se prend pour Noël avant de se réveiller et de prendre conscience que ce n’était qu’un cauchemar ; ou un rêve ? Bref, il dort mal, contrairement à d’habitude.

Samedi 5 mars
Nos deux compères se retrouvent à la piscine. Noël est en avance et il doit attendre 10 minutes Léon qui prétexte une panne d’oreiller pour justifier son retard (alors qu’il est coutumier du fait). Quelle surprise au sortir des vestiaires ! Ils portent le même slip de bain ! Léon s’en rend à peine compte, alors que pour Noël le hasard n’est plus permis : il se passe quelque chose ! Mais il n’a pas le temps de s’appesantir, Léon proposant de se faire quelques longueurs. Une nouvelle fois, leurs réactions respectives sont bien différentes. Là où Noël prend son temps pour se mettre à l’eau, tout en la trouvant trop chaude, Léon y plonge direct, sans remarquer sa température élevée. Tout se passe bien jusqu’à ce que, par le plus curieux des hasards, nos deux nageurs se mettent à saigner du nez en sortant de l’eau. Noël s’en rend compte immédiatement et le signale à Léon qui ne s’est aperçu de rien. Pris de panique car largement hypocondriaque, Noël se rend à l’infirmerie de la piscine. Mais Léon marchant à ses côtés, arrive à l’en dissuader et leur saignement respectif s’arrête très rapidement.
Ils profitent de leur sortie prématurée de la piscine pour aller prendre un verre. Au hasard de leur conversation, ils s’aperçoivent qu’ils assisteront au même rendez-vous chez un client la semaine prochaine, le 9 mars. Ils décident de le préparer ensemble en visio.

Que d’émotions aujourd’hui se dit Noël en rentrant chez lui ! Et si ces grosses différences dans nos caractères avec Léon représentaient une opportunité pour moi d’évoluer vers plus de lâcher-prise et moins de stress ?
Quant à Léon, il ne se pose pas toutes ces questions. Toutefois il constate une légère perte de contrôle sur sa vie bien réglée, ce qu’il n’aime pas habituellement. Une porte s’ouvre sur l’inconnu mais il n’a pas envie de la fermer.

Lundi 7 mars
L’heure est venue pour nos deux collègues de travail de préparer leur rendez-vous client de mercredi en visio. Fidèle à son habitude, Noël est pile à l’heure, même un peu en avance, et il s’impatiente en attendant la connexion de Léon.
Alors que Noël connait son dossier par cœur, Léon aborde l’entretien la fleur au fusil en comptant sur son bagout et son opportunisme. Et ça énerve Noël au début ; Léon n’étant pas en reste en rapport avec le côté bon élève de Noël. Mais, les minutes passant, ils arrivent à prendre sur eux et constatent que leur complémentarité est un atout. Sans se le dire, ils y voient l’ouverture de nouveaux horizons. Oui, ça peut valoir le coup de se remettre en cause pour avoir une vie plus épanouie.
Fin de la visio. Chacun retourne à ses affaires.

Une fois n’est pas coutume, Léon apprécie de ne rien faire pendant de longues minutes. Et bizarrement, il supporte très bien sa solitude passagère.
Noël lui se dit qu’il y gagnerait beaucoup en étant moins rigide. Un beau chantier en perspective !

Mercredi 9 mars
En se rendant en voiture à leur rendez-vous client, nos nouveaux amis doivent s’arrêter pour un contrôle routier. En vérifiant leurs cartes d’identité, l’officier de police s’aperçoit qu’ils ont les mêmes prénoms, Léon suivi de Noël pour l’un et Noël suivi de Léon pour l’autre. Et sa surprise ne s’arrête pas là : les deux passagers ont la même date de naissance ! Pressé de rentrer au commissariat pour déjeuner avec ses collègues, le policier ne fait pas de zèle et laisse repartir nos 2 commerciaux. Léon, ou Noël (on s’y perd !), ouvre la bouche pour dire : « Le mystère reste entier ! ».
Malgré leur léger retard à la suite du contrôle, le rendez-vous se passe bien. Tellement bien que Noël et Léon rentrent avec une énorme commande et que le client signe un contrat de collaboration pour 5 ans. Du jamais vu dans l’entreprise. Il faut dire que le tandem constitué de nos 2 commerciaux s’est avéré d’une efficacité redoutable, chacun jouant sur ses qualités propres et les deux se complétant merveilleusement en toute harmonie. Du grand art !
Nos 2 compères s’arrêtent sur la route du retour pour fêter ça dignement. L’histoire ne précisant pas si ce fut avec ou sans modération ! Étrangement, mais est-ce si étrange après tout ce qui leur est arrivé, ils s’entendent commander la même chose à l’unisson, à savoir une coupe de champagne… pour commencer. Et ils trinquent à la santé l’un de l’autre.
De retour chez eux, ils retrouvent leur femme qui était partie quelques jours chez leur fils ainé. Et devinez quoi ? Elle a le même prénom ! Ils sont contents de se retrouver en couple et entament la conversation suivante :

• La femme : « Comment ça s’est passé pour toi pendant mon absence mon Chéri ? »
• Léon-Noël : « Il m’est arrivé une drôle d’histoire.» J’ai rencontré un collègue de travail, du même âge que moi et avec presque le même prénom. Au début, nous étions très différents et au fur et à mesure, nous nous sommes beaucoup rapprochés tous les deux. Quasiment pour ne plus faire qu’un. » 
• La femme : « Et c’était un rêve ou la réalité ? »
• Noël-Léon : « Je crois que c’était la réalité mais je n’en suis plus sûr. En tous cas, j’ai vécu une belle histoire. En y réfléchissant je sens que ça va m’ouvrir de nouvelles perspectives. »
• La femme : « Allons nous coucher, mon Léon-Noël chéri ! ». Nous sommes fatigués et tu me raconteras tout ça demain. »

PS : Toute similitude avec l’auteur ne saurait être qu’un heureux hasard.

Remerciements :
Oui, merci à toi, mon Annie, pour ton aide à écrire ma 1° nouvelle. C’est précieux de pouvoir compter sur toi. 
Et merci à toi aussi, ChatGPT, toujours disponible et tellement doué pour aider l’écrivain en herbe que je suis.

4 Responses to Le même autre

  1. Bruno 17 décembre 2024 at 13:27 #

    C'est une belle histoire même si elle est surréaliste. Qui a été le plus inspirant, Annie ou le chatGPT ?

  2. Patrick Hannedouche 17 décembre 2024 at 16:40 #

    Merci Bruno !
    Sache que c’était tout à fait mon but de rendre cette histoire surréaliste, à la manière d’un conte.
    Pour répondre à ta question, l’inspiration est venue essentiellement de moi. Annie m’a bien aidé pour le choix de l’idée (j’hésitais entre 4) et la relecture. Et ChatGPT pour l’illustration et le titre.

  3. Anne 27 décembre 2024 at 17:45 #

    C’est une fiction qui te ressemble je crois. Je l’ai lue avec plaisir

  4. Patrick Hannedouche 27 décembre 2024 at 18:02 #

    Tu crois bien Anne !
    De mon côté je l’ai écrite avec plaisir.
    Et je me verrais bien renouveler l’expérience.
    A suivre…

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